Page:Montesquieu - Mélanges inédits, 1892.djvu/263

Cette page n’a pas encore été corrigée
197
LETTRES DE XÉNOCRATE

aiment. Dans la suite, il courut d’objet en objet ; il usa les principes de ses passions ; il fatigua ses sens à lui rendre ce qu’il avoit perdu, mais il n’eut plus que les dégoûts des plaisirs.

Il porta quelques agréments dans la débauche ; mais, quoi qu’on en dise, la débauche ne se raffine point ; et, si Alcamène cessa jamais d’être aimable, ce fut dans les moments qu’il destina à la joie, où il vouloit qu’on lui plût, et où il vouloit plaire.

Bientôt ses maîtresses ne furent que les témoins d’une vie, non pas libre, mais licentieuse. Mais Alcamène y peut perdre sa raison, et jamais son secret.

LETTRE TROISIÈME

Les Dieux irrités contre Sicyone envoyèrent, une nuit, un songe à Alcamène. Il crut qu’il étoit le maître de tous les trésors de l’Univers. Ce songe fut la cause de la misère publique.

Cependant Thémis ôta son bandeau et vit que, de tous côtés, on élevoit, dans Sicyone, des temples à Plutus : « Mortels, s’écria-t-elle, méfiez-vous du Dieu que vous servez. » Mais elle fut elle-même chassée de son temple ; elle se tut et ne rendit plus ses oracles. Dans une nuit, tous les autels de Plutus furent renversés, ses prêtres prirent la fuite, et tous ceux qui avoient suivi son culte furent livrés en proie aux quatre Titans.

Apollon, irrité contre Alcamène, lança contre lui mille traits empoisonnés. Couvert d’une espèce