ne peut s’adresser ailleurs. Il est malheureux que
mon dernier séjour à Paris ait justement eu lieu
pendant la maladie de M. de Secondat, qui expira le
lendemain de mon arrivée à Bordeaux. Lorsque je
pris congé de lui, il me tira à l’écart et me dit qu’il
auroit, à mon retour, bien des choses et des papiers
à me confier. Je lui répondis que je le devinois, et
qu’en effet il étoit important que certain dépôt de
succession fût précieusement conservé et ne passât
pas à des mains barbares. En un mot, je regrette
infiniment que ces manuscrits soient actuellement
aussi aventurés : car ils sont en grand nombre, et il
y en a de précieux. Je crois être, dans ce moment, le
seul homme qui les connoisse, et en détail : car le
petit-fils de Montesquieu, actuellement absent, ne
lésa jamais lus. Voici ce que ma mémoire me fournit
bien distinctement :
» 1° Relation des voyages en Italie, Hongrie, Allemagne, etc., en deux volumes in-folio. L’auteur y a particulièrement considéré les gouvernemens, quelques singularités de la législation ; et on y trouve quelquefois des anecdotes intéressantes qui ont trait au voyageur.
» 2° Deux gros volumes in-4o intitulés : Mes Pensées, Ils sont entièrement de la main de Montesquieu. Ces pensées roulent sur tous les sujets. Tantôt, c’est une idée ou singulière ou profonde, dont il a même quelquefois fait usage dans l'Esprit des Lois. Tantôt, c’est une anecdote qu’il vouloit ne pas oublier. Tantôt, un bruit plaisant ou satyrique contre des courtisans, des femmes célèbres, des auteurs qu’il