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RÉFLEXIONS SUR QUELQUES PRINCES

provinces, ses armées, et les vit toujours mal, et passa sa vie à calculer de loin et en gros des événements que la moindre circonstance pouvoit faire manquer.

Il ne profita point des guerres civiles de France ; il y consuma vainement ses trésors, et, dans la confusion de cette monarchie, il choisit de tous les plans celui qui rencontroit le plus d’obstacles[1], celui qui étoit le plus opposé à l’esprit de la nation, celui qui réunissoit tous les cœurs au prince légitime.

Ignorant la vraie mesure de sa puissance, il attaqua à la fois la France, l’Angleterre et les Pays-Bas. Mais il ne vainquit ni le courage de Henry IV, ni la prudence d’Elisabeth, ni le désespoir des provinces rebelles.

Ainsi, il ne mérita les louanges d’un prince pacifique, ni celles d’un prince guerrier. Il affoiblit ses forces et laissa à ses enfants les mêmes terres, et non pas la même monarchie.

IV

Paul III et Sixte-Quint ont été de grands hommes ; mais autant que l’art est au-dessous de la nature, autant Sixte-Quint est-il (sic) inférieur à Paul III. On voit partout dans la vie de l’un quelque chose

  1. De donner la couronne à l’Infante et la marier à un prince françois.