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XIV
INTRODUCTION


sans raison que son fils appréhendait de trouver en eux des juges sévères. Alors on n’appréciait pas « le premier jet de l’artiste [1] » ; les œuvres posthumes n’étaient pas considérées comme les témoins précieux de l’évolution des idées d’un écrivain de génie.

Secondat se contenta donc de publier, en 1783, une seule des œuvres inédites : Arsace et Isménie. Latapie approuvant ses craintes, il n’osa faire paraître le reste.

Son fils Charles-Louis, baron de Montesquieu [2], colonel au 22e régiment d’infanterie, émigra en novembre 1791. Aussi son père, jugé suspect par les terroristes de Bordeaux, fut-il mis en prison le

  1. Œuvres de Montesquieu (édition d’Éd.Laboulaye), tome VII, Préface, page II : « Nous vivons en un temps où, par un amour outré de la simplicité, on préfère le premier jet de l’artiste au tableau le plus achevé. A ce titre, les Pensées et les Lettres de Montesquieu se recommandent au lecteur et sont dénature à éveiller un intérêt nouveau pour un écrivain qu’on cite plus souvent qu’on ne le lit. »
  2. Charles-Louis Secondat de La Brède, baron de Montesquieu, né le 22 novembre 1749, à Bordeaux, fut, d’abord, sous-lieutenant dans Royal-Champagne (cavalerie) le 1er juin 1772. Réformé en 1776 ; capitaine attaché au régiment Dauphin le 21 avril 1777 ; capitaine au régiment Royal-Piémont le 29 avril 1779 ; attaché, en 1780, au corps d’armée commandé par le comte de Rochambeau, en Amérique, pendant la guerre de l’Indépendance ; nommé par Washington chevalier de l’ordre de Cincinnatus : il commanda les troupes embarquées sur la frégate l'Emeraude, qui ramenait en France l'état-major de l’expédition. Chevalier de Saint-Louis le 25 juillet 1786, il fut ensuite : mestre de camp en 2e dans Bourbonnais le 11 novembre 1782 ; mestre de camp des grenadiers royaux de l’Orléanais ; puis, colonel de Cambrésis {infanterie) le 27 avril 1788. Démissionnaire en novembre 1791, il reprit le service, en qualité de capitaine-commandant d’une compagnie noble, dans la légion de M. de Montmorency-Laval, à l’armée des Princes. Sous la Restauration, il fut nommé, le 4 février 1815, lieutenant général, pour tenir rang du 22 juin 1814.