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MONTESQUIEU

de la grandeur de la tête à celle du reste du corps ne semble le demander. Il y est donc porté pour un usage particulier. C’est pour filtrer ou séparer un suc ou un esprit nerveux. C’est dans la substance corticale du cerveau que se fait cette séparation ; d’où l’esprit nerveux peut passer dans la substance médullaire, et de là, dans les nerfs.

Ceci doit être une grande cause de la variété qui se trouvera dans les caractères et les esprits des peuples de divers climats, et qui suivra la disposition plus ou moins grande du sang à la filtration du suc nerveux.

La vivacité de notre esprit, notre inconstance, la légèreté de notre caractère, la joie qui règne parmi nous, peuvent nous faire croire que nous sommes aussi bien pourvus d’esprits animaux qu’aucune nation du monde.

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Outre cela, le suc des plantes de chaque pays, en particulier, lesquelles nous nourrissent, peuvent causer des changements encore plus grands.

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Il faut pourtant avouer qu’il doit entrer peu de ces métaux ou de ces minéraux dans le sang. Ils y feroient de trop grands ravages et les maladies de tant d’artisans, que l’on peut voir dans le traité de Bernard Ramazini[1]. Il faut que, dans les pays des mines, il n’en entre qu’autant qu’il suffit pour affecter les corps, et pas assez pour leur nuire à un certain point.

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Il est vrai que, lorsqu’on a souvent changé de cli-

  1. De Morbis Artificum.