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XII
INTRODUCTION


l'écho d’accusations injustes, et d’écrire, en 1766, à son frère Pietro, l’ami de Beccaria : « Nous avons parlé maintes fois des œuvres inédites de Montesquieu. Je vous dis donc que ses Essais existent. S’ils ne sortent point, ce n’est pas qu’ils soient écrits avec trop de liberté : son fils est assez indigne d’un tel père pour se montrer jaloux de sa gloire et pour ensevelir dans l’obscurité une œuvre qui pourrait l’accroître. Voilà ce que m’a dit le baron d’Holbach. » Le baron, ajoute l’auteur auquel nous empruntons cette citation, ne ménageait pas son monde. Ceux qui n’eurent pas l’avantage de lui plaire, Voltaire tout le premier, ne furent pas mieux traités que l’héritier du président à mortier au Parlement de Bordeaux.

Secondat ne méritait point les reproches qu’on lui adressait. Loin d’être jaloux de la gloire de son père, il en était l’admirateur passionné. Un motif tout opposé à celui qu’alléguait le baron d’Holbach l’empêcha seul de publier les œuvres inédites qu’il conservait pieusement.

Désirant faire imprimer ces manuscrits, il consulta François Latapie, savant éclairé, mais timide, qui pensa que le succès de l'Esprit des Lois ferait paraître sans intérêt les autres productions de leur auteur. Au vœu exprimé par le fils de Montesquieu, Latapie répondit :

« Je serois bien heureux, Monsieur, si je pouvois vous être de quelque secours dans le choix que vous vous proposez de faire des manuscrits de monsieur votre père, les plus dignes de fixer l’attention du public. Votre confiance me flatte autant qu’elle