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MONTESQUIEU

femmes, ni chez les eunuques. On sait, d’ailleurs, que cette liqueur est si active que les femelles des animaux dont nous nous nourrissons changent de goût dès qu’elles ont conçu ; ce qui suppose, vu la manière dont se fait la sensation du goût chez nous, un extraordinaire dérangement dans leurs fibres. Toutes ces choses nous font assez sentir la différence physique du caractère des deux sexes.

Les observations anatomiques nous font voir une prodigieuse variété, d’un sujet à un autre. Elle est telle qu’il n’y a peut-être jamais eu deux hommes dont les parties organiques aient été disposées à tous égards de même façon.

Si l’on jette les yeux sur les livres d’anatomie, et qu’on prenne, par exemple, les veines, on verra qu’il y en a peu qui s’insèrent, les unes à l’égard des autres, dans un sujet comme dans un autre : l’un n’aura qu’une veine d’un certain nom, tandis que l’autre en aura deux. Ce qu’on trouvera à l’égard des veines, on le trouvera tout de même à l’égard des artères, des nerfs, des vaisseaux lymphatiques. Je n’entrerai point dans le détail : il seroit infini ; et même les remarques que l’on a faites ne sont rien en comparaison de celles qui ne sont point en notre pouvoir.

Ces variétés que nos yeux nous montrent dans les parties que nous pouvons distinguer dans le corps humain ne sont pas moindres dans les vaisseaux imperceptibles du cerveau.

S’il arrivoit, dans les premiers temps de la circulation, que le sang, par quelque cause, trouvât plus de