Page:Montesquieu - Mélanges inédits, 1892.djvu/178

Cette page n’a pas encore été corrigée
112
MONTESQUIEU

tous les auteurs conviennent de la pesanteur de leur esprit.

Quoiqu’il y ait de l’apparence que les impressions se communiquent à l’âme par le moyen d’un esprit ou suc contenu dans les nerfs, il faut pourtant que les fibres soient flexibles et qu’elles aient une certaine facilité à mouvoir et à être mues[1]. Ce sont des choses réciproques. Le suc nerveux ne peut être porté sans quelque tension de fibres, ni les fibres être tendues ou mues sans que le suc nerveux y soit porté[2].

L’âme se redonnera des idées lorsqu’elle pourra reproduire dans le cerveau les mouvements qu’il a eus, et qu’elle y fera couler le suc nerveux. La flexibilité des fibres pourra donc lui donner de la facilité pour se donner des idées.

Plus une corde d’un instrument de musique est menue, plus elle est propre à rendre un son aigu : c’est-à-dire qu’elle fait plus de vibrations, dans un même espace de temps, qu’une autre dont le son est plus grave ; et, au contraire, plus la corde est grosse, plus le son en est grave : c’est-à-dire qu’elle fait moins de vibrations, dans un même espace de temps, qu’une autre dont le son est plus aigu. Lors

  1. Lorsque les diamètres des nerfs sont plus grands, il y a une plus grosse colonne de liquides contenue entre le bout extérieur du nerf et l’intérieur, et les impressions pourront être moins fortes. — Il semble que les ganglions de nerfs qui s’attachent en divers endroits, en chemin faisant, s’opposent au système de vibrations.
  2. M. Bertin dit avoir fait une belle expérience : il lie le nerf diaphragmatique d’un chien ; il le presse au-dessus de la ligature, et le mouvement se rétablit comme s’il avoit pressé au-dessous. De façon que l’expérience que l’on alléguoit contre les vibrations est pour les vibrations.