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MONTESQUIEU

sieurs effets. Les peuples du Nord n’auront pas cette pénétration subite, cette vivacité de conception, cette facilité de recevoir et de communiquer toutes sortes d’impressions qu’on a dans d’autres climats. Mais, s’ils n’ont pas l’avantage de la promptitude, ils auront celui du sang-froid ; ils auront plus de constance dans leurs résolutions, et feront moins de fautes lorsqu’ils exécuteront.

Le peuple de Hollande[1] est fameux par la lenteur avec laquelle il reçoit ses idées. C’est à cela qu’il doit cette suite dans les principes de sa politique et cette constance dans ses passions qui lui ont fait faire de si grandes choses.

L’imagination chez les peuples du Nord sera donc plus tranquille[2] ; ils seront moins capables de faire ce qu’on appelle des ouvrages d’esprit que des ouvrages de compilation ; et, par la même raison, ils seront plus propres que les autres peuples à faire, dans les arts, ces découvertes qui demandent un travail assidu et des recherches suivies.

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C’est de cette différente constitution de la machine que naît la différente force des passions : dans un pays où l’amour est le plus grand intérêt, la jalousie est la plus grande passion.

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Les peuples des pays chauds ont besoin, comme nous avons dit, d’user d’aliments aqueux[3] ; or, ce

  1. [En marge : ] Mis [dans l’Esprit des Loix].
  2. [En marge : ] Je n’ai point mis cet article.
  3. [En marge : ] Point mis encore.