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DIALOGUE DE XANTIPPE ET DE XÉNOCRATE

et qu’ils fassent moins attention à quelques citoyens criminels qu’à la patrie qui est innocente. Et, ce qui me rassure, c’est qu’une nation qui a des loix comme la nôtre, doit être agréable aux Dieux. »

Pendant que nous parlions, le vaisseau s’entrouvrit, et nous découvrîmes la fraude des Carthaginois. Xantippe resta un moment sans rien dire ; puis il s’écria : « Pourquoi faut-il que je vive si ma vie est à charge aux deux plus grands peuples de l’Univers ? Mourons ! me dit-il, Xénocrate ; la mort ne fait que nous approcher des Dieux. »

Mais les Dieux immortels ne permirent pas qu’un si grand crime fût achevé : nous étions près du rivage ; une barque de pêcheur vint à nous ; nous y entrâmes, et notre vaisseau s’engloutit.



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