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CRITIQUE DE L'HISTOIRE VÉRITABLE

Je crois qu’il faut absolument le finir par les réflexions sur les richesses. Les transmigrations du bavard, du médecin, etc., ne sont plus supportables en sortant de là, et, comme elles sont assez bonnes, je les placerois dans le corps de l’ouvrage. Il faut commencer avec quelque dignité, finir de même, et mêler le reste.

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OBSERVATIONS GÉNÉRALES
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J’en ai déjà fait plusieurs à mesure que cela s’est présenté ; ainsi je n’ai pas grand’chose à ajouter.

L’ouvrage pèche par un trop grand nombre d’idées communes, et, comme c’est vous qui donnez l’être à ce métempsycosiste, on vous demandera souvent pourquoi vous lui avez donné une telle vie, et pourquoi telle autre. Vous l’avez fait valet, barbier, p….., etc. Pourquoi ne l’avoir pas fait aussi philosophe, conquérant, législateur, femme vertueuse, etc. ? Ce métempsycosiste ne raconte jamais que ce qu’il fait. Pourquoi ne m’apprend-il pas quelquefois les actions des autres ? Il a eu bien des vies qu’il auroit mieux remplies par ces récits, qui, d’ailleurs, jetteroient de la variété dans l’ouvrage.

C’est un préjugé ordinaire parmi les hommes que les grandes actions ont toujours de grandes causes. Pourquoi ne me raconteroit-il pas quelque événement célèbre de l’histoire, en me faisant voir les petits ressorts qui le déterminèrent, le conduisirent et le consommèrent ? Enfin, si les siècles sont si différents, quoiqu’ils se ressemblent par le fond des mœurs, pourquoi ne pas m’en dire quelque chose ? C’est la première idée qui doit se présenter à un métempsycosiste.

Je finis en disant que l’idée de l’ouvrage est charmante, qu’il y a des choses excellentes à tous égards, ainsi que