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JEAN-JACQUES BEL

dans le faux, il faut toujours approcher du vrai autant qu’on le peut, je prendrois les personnages mêmes que Pythagore disoit avoir faits, selon Diogène Laërce ; ils y sont nommés, et j’en ferois le remplissage à ma façon. — 2° Cela me conduiroit à faire promettre au disciple que, si, dans la suite, il se rendoit digne, il lui communiqueroit le secret de se ressouvenir de toutes les transmigrations qu’il auroit essuyées. Pythagore lui enseigneroit enfin ce secret, et je tâcherois d’imaginer ici quelque description qui plairoit par sa singularité, et qui seroit en même temps la satire de toutes ces espèces d’inventions magiques, etc. Enfin, je ferois mourir mon disciple ; il seroit jugé, comme dans votre ouvrage, par les philosophes des Champs-Élysées, qui, découvrant dans son âme le péché véniel de l’inclination pour les femmes, la condamneroient à passer dans le corps des animaux ; et puis viendroient à la file toutes les transmigrations que vous jugeriez à propos.

Cette mémoire de Pythagore, qui disoit se ressouvenir d’avoir été Euphorbe, Pyrrhus, etc., me donneroit lieu de donner au disciple quelque transmigration connue : telle, par exemple, que Cléopâtre, pour coquette, Laïs, pour courtisane, etc. Cela jetteroit de la variété et de l’intérêt dans l’ouvrage.

5.

En lisant le second livre, je m’aperçois que les observations que j’ai faites sur le premier exigent des changements considérables dans celui-ci. Il faut donc élever ce livre et les suivants à proportion du tour pris dans le premier. Ce qui déjà n’étoit pas bon par lui-même deviendroit insupportable dans la supposition des changements que j’ai marqués. Telle est la première transmigration du métempsycosiste pris voleur de grand chemin et pendu. Si cette image, basse et désagréable, tenoit à quelque