conseil, ils se séparèrent, je crois, très-mécontents l’un de l’autre.
LETTRE CXXX.
e te parlerai dans cette lettre d’une certaine nation qu’on appelle les nouvellistes, qui s’assemble dans un jardin magnifique, où leur oisiveté est toujours occupée. Ils sont très-inutiles à l’État, et leurs discours de cinquante ans n’ont pas un effet différent de celui qu’auroit pu produire un silence aussi long : cependant ils se croient considérables, parce qu’ils s’entretiennent de projets magnifiques, et traitent de grands intérêts.
La base de leurs conversations est une curiosité frivole et ridicule : il n’y a point de cabinet si mystérieux qu’ils ne prétendent pénétrer ; ils ne sauroient consentir à ignorer quelque chose ; ils savent combien notre auguste sultan a de femmes, combien il fait d’enfants toutes les années ; et, quoiqu’ils ne fassent aucune dépense en espions, ils sont instruits des mesures qu’il prend pour humilier l’empereur des Turcs et celui des Mogols.
À peine ont-ils épuisé le présent qu’ils se précipitent dans l’avenir ; et, marchant au-devant de la Providence, la préviennent sur toutes les