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LETTRE lxv.

Usbek à ses femmes.
Au sérail d’Ispahan.


J’apprends que le sérail est dans le désordre, et qu’il est rempli de querelles et de divisions intestines. Que vous recommandai-je en partant, que la paix et la bonne intelligence ? Vous me le promîtes ; étoit-ce pour me tromper ?

C’est vous qui seriez trompées si je voulois suivre les conseils que me donne le grand eunuque, si je voulois employer mon autorité pour vous faire vivre comme mes exhortations le demandoient de vous.

Je ne sais me servir de ces moyens violents que lorsque j’ai tenté tous les autres : faites donc en votre considération ce que vous n’avez pas voulu faire à la mienne.

Le premier eunuque a grand sujet de se plaindre : il dit que vous n’avez aucun égard pour lui. Comment pouvez-vous accorder cette conduite avec la modestie de votre état ? N’est-ce pas à lui que, pendant mon absence, votre vertu est confiée ? C’est un trésor sacré, dont il est le dépositaire. Mais ces mépris que vous lui témoignez font voir que ceux qui sont chargés de vous faire vivre dans les lois de l’honneur vous sont à charge.

Changez donc de conduite, je vous prie, et faites en sorte que je puisse, une autre fois, rejeter