Page:Montesquieu - Lettres persanes I, 1873.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ont toujours eu de l’autorité sur leurs maris ; elle fut établie par une loi chez les Égyptiens, en l’honneur d’Isis, et chez les Babyloniens, en l’honneur de Sémiramis. On disoit des Romains qu’ils commandoient à toutes les nations, mais qu’ils obéissoient à leurs femmes. Je ne parle point des Sauromates, qui étoient véritablement dans la servitude de ce sexe ; ils étoient trop barbares pour que leur exemple puisse être cité.

Tu vois, mon cher Ibben, que j’ai pris le goût de ce pays-ci, où l’on aime à soutenir des opinions extraordinaires et à réduire tout en paradoxe. Le Prophète a décidé la question et a réglé les droits de l’un et de l’autre sexe. Les femmes, dit-il, doivent honorer leurs maris ; leurs maris les doivent honorer ; mais ils ont l’avantage d’un degré sur elles.

À Paris, le 26 de la lune de Gemmadi 2, 1713.

LETTRE xxxix.

Hagi[1] Ibbi au juif Ben Josué,.
Prosélyte Mahométan.
À Smyrne.


Il me semble, Ben Josué, qu’il y a toujours des signes éclatants qui préparent à la naissance des hommes extraordinaires ; comme si la nature

  1. Hagi est un homme qui a fait le pélerinage de la Mecque.