Page:Montesquieu - Le Temple de Gnide, 1824.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’ils n’avaient plus cherché à leur donner des perfections que des grâces.

Il vint cent femmes de l’île de Chypre. Nous avons, disaient-elles, passé notre jeunesse dans le temple de Vénus : nous lui avons consacré notre virginité et notre pudeur même. Nous ne rougissons point de nos charmes ; nos manières, quelquefois hardies et toujours libres, doivent nous donner de l’avantage sur une pudeur qui s’alarme sans cesse.

Je vis les filles de la superbe Lacédémone. Leur robe était ouverte par les côtés, depuis la ceinture, de la manière la plus immodeste ; et cependant elles faisaient les prudes, et soutenaient qu’elles ne violaient la pudeur que par amour pour la patrie.

Mer fameuse par tant de naufrages, vous savez conserver des dépôts précieux. Vous vous calmâtes, lorsque le navire Argo porta la toison d’or sur votre plaine liquide ; et lorsque cinquante beautés sont parties de Colchos et se sont confiées à vous, vous vous êtes courbée sous elles.

Je vis aussi Oriane, semblable aux déesses. Toutes les beautés de Lydie entouraient leur reine. Elle avait envoyé devant elle cent jeunes filles qui avaient présenté à Vénus une offrande de