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la présence des dieux. Quelquefois elle se couvre d’un nuage, et on la reconnaît à l’odeur divine qui sort de ses cheveux parfumés d’ambroisie.

La ville est au milieu d’une contrée sur laquelle les dieux ont versé leurs bienfaits à pleines mains : on y jouit d’un printemps éternel ; la terre, heureusement fertile, y prévient tous les souhaits ; les troupeaux y paissent sans nombre, les vents semblent n’y régner que pour répandre partout l’esprit des fleurs : les oiseaux y chantent sans cesse ; vous diriez que les bois sont harmonieux : les ruisseaux murmurent dans les plaines : une chaleur douce fait tout éclore ; l’air ne s’y respire qu’avec la volupté.

Auprès de la ville est le palais de Vénus. Vulcain lui-même en a bâti les fondemens ; il travailla pour son infidèle quand il voulut lui faire oublier le cruel affront qu’il lui fit devant les dieux.

Il me serait impossible de donner une idée des charmes de ce palais : il n’y a que les Grâces qui puissent décrire les choses qu’elles ont faites. L’or, l’azur, les rubis, les diamans y brillent de toutes parts… Mais j’en peins les richesses, et non pas les beautés.

Les jardins en sont enchantés : Flore et Pomone en ont pris soin ; leurs nymphes les cultivent. Les