Page:Montesquieu - Le Temple de Gnide, 1824.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas ; que je réfléchisse, et que je paraisse sentir ; et lorsque j’annoncerai des choses nouvelles, faites qu’on croie que je ne savais rien, et que vous m’avez tout dit.

Quand les eaux de votre fontaine sortent du rocher que vous aimez, elles ne montent point dans les airs pour retomber : elles coulent dans la prairie ; elles font vos délices, parce qu’elles font les délices des bergers.

Muses charmantes, si vous portez sur moi un seul de vos regards, tout le monde lira mon ouvrage, et ce qui ne saurait être un amusement sera un plaisir.

Divines Muses, je sens que vous m’inspirez, non pas ce qu’on chante à Tempé sur les chalumeaux, ou ce qu’on répète à Délos sur la lyre ; vous voulez que je parle à la raison : elle est le plus parfait, le plus noble et le plus exquis de nos sens.