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XI
INTRODUCTION

partie intégrante de l’Histoire véritable, mais le lecteur curieux de poursuivre et d’approfondir l’examen que nous venons d’esquisser, pourra toujours se reporter facilement au volume de 1892 ou même y joindre la présente édition, et cette considération nous a fait renoncer à notre projet.

Comment notre manuscrit a-t-il quitté les archives de La Brède d’où il est de toute évidence qu’il provient ? Il n’est peut-être pas impossible de répondre à cette question. On sait que, vers 1829, les œuvres inédites de Montesquieu furent remises à J. Lainé, en vue d’une publication qui, pour des causes que nous n’avons pas à rechercher ici, ne put avoir lieu[1]. Après la mort de Laine, arrivée en décembre 1835, les précieux manuscrits qui lui avaient été confiés, furent rendus, par ses héritiers, à la famille de Montesquieu. Toutefois plusieurs s’égarèrent, et quelques-uns restèrent enfouis dans les papiers de Lainé. Nous avons tout lieu de croire que notre manuscrit fut du nombre de ces derniers, car nous l’avons découvert parmi une quantité considérable de lettres et de documents dont la plupart provenaient de Lainé lui-même ou de sa famille.

Montesquieu paraît avoir composé l’Histoire véritable dont le titre appartient à Lucien, dans sa jeunesse, peu de temps après les Lettres persanes, et peut-être même avant leur publication. Les allusions très claires aux affaires du temps que contient l’avis du libraire, et quelques autres, moins transparentes, qu’on pourrait relever dans le cours du récit, ne se comprendraient pas si l’œuvre ne datait pas de la Régence. Peut-être même avons-nous là comme un premier jet de la veine d’où allaient sortir les Lettres persanes avec lesquelles l’Histoire véritable offre, en certaines de ses parties du moins, bien des ressemblances. Cela seul, à défaut du mérite de l’ouvrage, et de l’intérêt

  1. Voir, à ce sujet, l’intéressante Histoire des manuscrits inédits de Montesquieu placée, par M. Céleste, en tête du volume de Mélanges inédits, Bordeaux, 1892, pp. XXXV-XL.