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VIII
INTRODUCTION

par l’écriture très nette d’un copiste, sont attachées avec des rubans de soie verte et blanche. Chacune d’elles, soigneusement numérotée, contient de onze à quinze lignes. Le premier cahier compte trente et une pages, le second trente-cinq, le troisième cinquante-deux, le quatrième vingt-huit et le sixième quarante. Le livre cinq manque en entier, comme il manque, sous une autre classification, dans le texte imprimé en 1892. Nous savons, par la critique de J.-J. Bel, que ce livre perdu, qu’il désigne comme le quatrième et qui portait primitivement, en effet, ce chiffre dans notre copie, était rempli par une histoire amoureuse destinée à délasser un peu l’esprit du lecteur au milieu de toutes les transmigrations que le récit faisait passer sous ses yeux. Aucun indice ne nous permet de dire, avec certitude, ce qu’a pu devenir cette histoire amoureuse, qui avait trouvé grâce devant le sévère J.-J. Bel. Peut-être Montesquieu l’a-t-il purement et simplement supprimée ; peut-être en a-t-il fait plus tard, et quand il eut définitivement renoncé à publier l’Histoire véritable, le Temple de Gnide, le Voyage à Paphos, ou même, en la remaniant et en lui donnant plus d’étendue, son roman d’Arsace et Isménie.

Quoi qu’il en soit, à cette lacune près, notre manuscrit est parfaitement complet, sauf pourtant l’épître dédicatoire, condamnée par J.-J. Bel, et qui ne figure pas non plus dans celui de La Brède. Cette épître remplissait deux feuillets ou au moins trois pages qui ont disparu de notre premier cahier, ainsi que l’indiquerait, à défaut des traces de suppression encore visibles, la pagination qui saute brusquement de 4 à 9. En revanche, l’avis du libraire pour lequel le critique ne s’était pas montré plus favorable, et que la copie de La Brède ne contient pas davantage, figure tout au long dans la nôtre.

Montesquieu, avec la simplicité et la bonne foi du génie, soumettait ses productions à ses amis, surtout au conseiller J.-J. Bel et au président Barbot, membres, comme lui, de