LIVRE XXIX.
De la maniere de composer les loix.
CHAPITRE PREMIER.
De l’esprit du législateur.
Je le dis, & il me semble que je n’ai fait cet ouvrage que pour le prouver. L’esprit de modération doit être celui du législateur ; le bien politique, comme le bien moral, se trouve toujours entre deux limites. En voici un exemple.
Les formalités de la justice sont nécessaires à la liberté. Mais le nombre en pourroit être si grand qu’il choqueroit le but des loix mêmes qui les auroient établies : les affaires n’auroient point de fin ; la propriété des biens resteroit incertaine ; on donneroit à l’une des parties le bien de l’autre sans examen, ou on les ruineroit toutes les deux à force d’examiner.
Les citoyens perdroient leur liberté & leur sûreté ; les accusateurs n’auroient plus les moyens de convaincre, ni les accusés le moyen de se justifier.
CHAPITRE II.
Continuation du même sujet.
Cécilius, dans AuluGelle[1], discourant sur la loi des douze-tables, qui permettoit au créancier de
- ↑ Liv. XX, chap I.