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ou par usage, combattre contre toutes personnes franches ; et l’Église prétendoit ce même droit pour ses serfs, comme une marque de respect pour elle.


Chapitre XXVI.

Du combat judiciaire entre une des parties et un des témoins


BEAUMANOIR dit qu’un homme qui voyoit qu’un témoin alloit déposer contre lui pouvoit éluder le second, en disant aux juges que sa partie produisoit un témoin faux et calomniateur  ; et, si le témoin vouloit soutenir la querelle, il donnoit les gages de bataille. Il n’étoit plus question de l’enquête : car, si le témoin étoit vaincu, il étoit décidé que la partie avoit produit un faux témoin, et elle perdoit son procès.

Il ne falloit pas laisser jurer le second témoin ; car il auroit prononcé son témoignage, et l’affaire auroit été finie par la déposition des deux témoins. Mais en arrêtant le second, la déposition du premier devenoit inutile.

Le second témoin étant ainsi rejeté, la partie n’en pouvoit faire ouïr d’autres, et elle perdoit son procès ; mais, dans le cas où il n’y avoit point de gages de bataille, on pouvoit produire d’autres témoins.

Beaumanoir dit que le témoin pouvoit dire à sa par-