Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 2.djvu/142

Cette page n’a pas encore été corrigée

De l’Esprit Des Lois LIVRE XXVI. Des loix, dans le rapport qu’elles doivent avoir avec l’ordre des choses sur lesquelles elles statuent.

CHAPITRE PREMIER. Idée de ce livre. Les hommes sont gouvernés par diverses sortes de loix ; par le droit naturel ; par le droit divin, qui est celui de la religion ; par le droit ecclésiastique, autrement appelle canonique, qui est celui de la police de la religion ; par le droit des gens, qu’on peut considérer comme le droit civil de l’univers, dans le sens que chaque peuple en est un citoyen ; par le droit politique général, qui a pour objet cette sagesse humaine qui a fondé toutes les sociétés ; par le droit politique particulier, qui concerne chaque société ; par le droit de conquête, fondé fur ce qu’un peuple a voulu, a pu, ou a dû faire violence à un autre ; par le droit civil d.e chaque société, par lequel un citoyen peut défendre ses biens & sa vie contre tout autre citoyen ; enfin, par le droit domestique, qui vient de ce qu’une société est divisée en diverses familles, qui ont besoin d’un gouvernement particulier. Il y a donc différens ordres de loix ; & la sublimité de la raison humaine consiste à sçavoir bien auquel de ces ordres se rapportent principalement les choses sur les- quelles on doit statuer, & à ne point mettre de confusion dans les principes qui doivent gouverner les hommes.