Le desir naturel de plaire à la divinité multiplia les cérémonies : ce qui fit que les hommes, occupés à l’agriculture, devinrent incapables de les exécuter toutes, & d’en remplir les détails.
On consacra aux dieux des lieux particuliers ; il fallut qu’il y eût des ministres pour en prendre soin, comme chaque citoyen prend soin de sa maison & de ses affaires domestiques. Aussi les peuples qui n’ont point de prêtres font-ils ordinairement barbares. Tels étoient autrefois les Pédaliens[1], tels sont encore les Wolgusky[2].
Des gens consacrés à la divinité dévoient être honorés, sur-tout chez les peuples qui s’étoient formé une certaine idée d’une pureté corporelle, nécessaire pour approcher des lieux les plus agréables aux dieux, & dépendante de certaines pratiques.
Le culte des dieux demandant une attention continuelle, la plupart des peuples furent portés à faire du clergé un corps séparé. Ainsi, chez les Egyptiens, les Juifs & les Perses[3], on consacra à la divinité de certaines familles, qui se perpétuoient, & faisoient le service. Il y eut même des religions où l’on ne pensa pas seulement à éloigner les ecclésiastiques des affaires, mais encore à leur ôter l’embarras d’une famille ; & c’est la pratique de la principale branche de la loi chrétienne.
Je ne parlerai point ici des conséquences de la loi du célibat : on sent qu’elle pourroit devenir nuisible, à proportion que le corps du clergé seroit trop étendu, & que, par conséquent, celui des laïcs ne le seroit pas assez.
Par la nature de l’entendement humain, nous aimons, en fait de religion, tout ce qui suppose un effort ; comme, en matière de morale, nous aimons spéculative-