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res pour leurs femmes & pour leurs enfans[1]. Loi civile admirable, qui conserve les mœurs contre la religion !

Auguste défendit aux jeunes gens de l’un & de l’autre sexe d’assister à aucune cérémonie nocturne, s’ils n’étoient accompagnés d’un parent plus âgé[2]; &, lorsqu’il rétablit les fêtes lupercales, il ne voulut pas que les jeunes gens courussent nuds[3].


CHAPITRE XVI.

Comment les loix de la religion corrigent les inconvéniens de la constitution politique.


D’UN autre côté, la religion peut soutenir l’état politique, lorsque les loix se trouvent dans l’impuissance.

Ainsi, lorsque l’état est souvent agité par des guerres civiles, la religion fera beaucoup, si elle établit que quelque partie de cet état reste toujours en paix. Chez les Grecs, les Eléens, comme prêtres d’Apollon, jouissoient d’une paix éternelle. Au Japon, on laisse toujours en paix la ville de Méaco, qui est une ville sainte[4]: la religion maintient ce réglement ; & cet empire, qui semble être seul sur la terre, qui n’a & qui ne veut avoir aucune ressource de la part des étrangers, a toujours dans son sein un commerce que la guerre ne ruine pas.

Dans les états où les guerres ne se font pas par une délibération commune, & où les loix ne se sont laissé


  1. Polit, liv. VII, chap. XVII.
  2. Suétone, in Augusto, chap. XXXI.
  3. Ibid.
  4. Recueil des voyages qui ont servi à l’établissement de la compagnie des Indes, tome IV, part. I, page 127.