voisins. Auguste[1] connut leur opulence, & il résolut de les avoir pour amis, ou pour ennemis. Il fit passer Elius Gallus d’Égypte en Arabie. Celui-ci trouva des peuples oisifs, tranquilles & peu aguerris. Il donna des batailles, fit des sieges, & ne perdit que sept soldats : mais la perfidie de ses guides, les marches, le climat, la faim, la soif, les maladies, des mesures mal prises, lui firent perdre son armée.
Il fallut donc se contenter de négocier avec les Arabes, comme les autres peuples avoient fait, c’est-à-dire, de leur porter de l’or & de l’argent pour leurs marchandises. On commerce encore avec eux de la même maniere ; la caravane d’Alep & le vaisseau royal de Suez y portent des sommes immenses[2].
La nature avoit destiné les Arabes au commerce ; elle ne les avoit pas destinés à la guerre : mais, lorsque ces peuples tranquilles se trouverent sur les frontieres des Parthes & des Romains, ils devinrent auxiliaires des uns & des autres. Elius Gallus les avoit trouvés commerçans ; Mahomet les trouva guerriers : il leur donna de l’enthousiasme, & les voilà conquérans.
Le commerce des Romains aux Indes étoit considérable. Strabon[3] avoit appris en Égypte qu’ils y employoient cent vingt navires : ce commerce ne se soutenoit encore que par leur argent. Ils y envoyoient, tous les ans, cinquante millions de sesterces. Pline[4] dit que les marchandises qu’on en rapportoit se vendoient à Rome le centuple. Je crois qu’il parle trop généralement : ce profit, fait une fois, tout le monde aura voulu le faire ; &, dès ce moment, personne ne l’aura fait.
On peut mettre en question s’il fut avantageux aux Romains de faire le commerce de l’Arabie & des In-