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l’Afrique. Des Phéniciens envoyés par Nécho[1] & Eudoxe[2] fuyant la colere de Ptolomée Lature, partirent de la mer Rouge, & réussirent. Sataspe[3] sous Xercès, & Hannon qui fut envoyé par les Carthaginois, sortirent des colonnes d’Hercule, & ne réussirent pas.

Le point capital pour faire le tour de l’Afrique étoit de découvrir & de doubler le cap de Bonne-Espérance. Mais, si l’on partoit de la mer Rouge, on trouvoit ce cap de la moitié du chemin plus près qu’en partant de la méditerranée. La côte qui va de la mer Rouge au cap est plus saine que[4] celle qui va du cap aux colonnes d’Hercule. Pour que ceux qui partoient des colonnes d’Hercule aient pu découvrir le cap, il a fallu l’invention de la boussole, qui a fait que l’on a quitté la côte d’Afrique & qu’on a navigé dans le vaste océan[5] pour aller vers l’isle de sainte Hélene ou vers la côte du Brésil. Il étoit donc très-possible qu’on fût allé de la mer Rouge dans la méditerranée, sans qu’on fût revenu de la méditerranée à la mer Rouge.

Ainsi, sans faire ce grand circuit, après lequel on ne pouvoit plus revenir, il étoit plus naturel de faire le commerce de l’Afrique orientale par la mer Rouge, & celui de la côte occidentale par les colonnes d’Hercule.

Les rois Grecs d’Égypte découvrirent d’abord, dans la mer Rouge, la partie de la côte d’Afrique qui va depuis le fond du golfe où est la cité d’Heroum, jusqu’à Dira, c’est-à-dire, jusqu’au détroit appellé aujourd’hui de Babelmandel. De-là, jusqu’au promontoire des Aro-


  1. Hérodote, liv. IV. Il vouloit conquérir.
  2. Pline, liv. II, chap. LXVII. Pomponius Mela, liv. III, ch. IX.
  3. Hérodote, in Melpomene.
  4. Joignez à ceci, ce que je dis au chap. XI de ce livre, sur la navigation d’Hannon.
  5. On trouve dans l’océan Atlantique, aux mois d’Octobre, novembre, décembre & janvier, un vent de nord-est. On passe la ligne ; &, pour éluder le vent général d’est, on dirige sa route vers le sud : ou bien on entre dans la zone torride, dans les lieux ou le vent souffle de l’ouest à l’est.