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riture. Ils n’ont donc besoin que de nos métaux qui sont les signes des valeurs, & pour lesquels ils donnent des marchandises, que leur frugalité & la nature de leur pays leur procurent en grande abondance. Les auteurs anciens qui nous ont parlé des Indes, nous les dépeignent[1] telles que nous les voyons aujourd’hui, quant à la police, aux manieres & aux mœurs. Les Indes ont été ; les Indes seront ce qu’elles sont à présent ; &, dans tous les temps, ceux qui négocieront aux Inde y porteront de l’argent, & n’en rapporteront pas.


CHAPITRE II.

Des peuples d’Afrique.


LA plupart des peuples des côtes de l’Afrique sont sauvages ou barbares. Je crois que cela vient beaucoup de ce que des pays presque inhabitables séparent de petits pays qui peuvent être habités. Ils sont sans industrie ; ils n’ont point d’arts ; ils ont en abondance des métaux précieux qu’ils tiennent immédiatement des main de la nature. Tous les peuples policés sont donc en état de négocier avec eux avec avantage ; ils peuvent leur faire estimer beaucoup des choses de nulle valeur, & en recevoir un très-grand prix.


CHAPITRE III.

Que les besoins des peuples du midi sont différens de ceux des peuples du nord.


IL y a, dans l’Europe, une espece de balancement entre les nations du midi & celles du nord. Les pre-

  1. Voyez Pline, liv. VI, chap. XIX ; & Strabon, & liv. XV.