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CHAPITRE XX.

Continuation du même sujet.


LORSQUE les Portugais & les Castillans dominoient dans les Indes orientales, le commerce avoit des branches si riches, que leurs princes ne manquerent pas de s’en saisir. Cela ruina leurs établissemens dans ces parties-là.

Le vice-roi de Goa accordoit à des particuliers des privileges exclusifs. On n’a point de confiance en de pareilles gens ; le commerce est discontinué par le changement perpétuel de ceux à qui on le confie ; personne ne ménage ce commerce, & ne se soucie de le laisser perdu à son successeur ; le profit reste dans des mains particulieres, & ne s’étend pas assez.


CHAPITRE XXI.

Du commerce de la noblesse, dans la monarchie.


IL est contre l’esprit du commerce que la noblesse le fasse dans la monarchie. "Cela seroit pernicieux aux villes, disent[1] les empereurs Honorius & Théodose, & ôteroit entre les marchands & les plébéiens la facilité d’acheter & de vendre."

Il est contre l’esprit de la monarchie que la noblesse y fasse le commerce. L’usage, qui a permis en Angleterre le commerce à la noblesse, est une des choses qui ont le plus contribué à affoiblir le gouvernement monarchique.


  1. Leg. Nobiliores, cod. de commerc. & leg. ult. cod. de rescind. vendii.