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volupté. Les loix de la pudicité sont du droit naturel, & doivent être senties par toutes les nations du monde.

Que si la loi qui conserve la pudicité des esclaves est bonne dans les états où le pouvoir sans bornes se joue de tout, combien le sera-t-elle dans les monarchies ? combien le sera-t-elle dans les états républicains ?

Il y a une disposition de la loi[1] des Lombards, qui paroît bonne pour tous les gouvernemens. "Si un maître débauche la femme de son esclave, ceux-ci seront tous deux libres" : tempérament admirable pour prévenir & arrêter, sans trop de rigueur, l’incontinence des maîtres.

Je ne vois pas que les Romains aient eu, à cet égard, une bonne police. Ils lâcherent la bride à l’incontinence des maîtres, ils priverent même, en quelque façon, leurs esclaves du droit des mariages. C’étoit la partie de la nation la plus vile : mais, quelque vile qu’elle fût, il étoit bon qu’elle eût des mœurs : &, de plus, en lui ôtant les mariages, on corrompoit ceux des citoyens.


CHAPITRE XIII.

Danger du grand nombre d’esclaves.


LE grand nombre d’esclaves a des effets différens dans les divers gouvernemens. Il n’est point à charge dans le gouvernement despotique ; l’esclavage politique, établi dans le corps de l’état, fait que l’on sent peu l’esclavage civil. Ceux que l’on appelle hommes libres ne le sont gueres plus que ceux qui n’y ont pas ce titre ; &, ceux-ci, en qualité d’eunuques, d’affranchis, ou d’esclaves, payant en main presque toutes les affaires, la condition d’un homme libre & celle d’un esclave se touchent de fort près. Il est donc presque in-

  1. Liv. I, tit. 32, §. 5.