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CHAPITRE VIII.

Bonnes coutume de la Chine.


LES relations[1] de la Chine nous parlent de la cérémonie d’ouvrir les terres, que l’empereur fait tous les ans[2]. On a voulu exciter[3] les peuples au labourage par cet acte public & solemnel.

De plus : l’empereur est informé chaque année du laboureur qui s’est le plus distingué dans sa profession ; il le fait mandarin du huitieme ordre.

Chez les anciens Perses[4], le huitieme jour du mois nommé chorrem-ruz, les rois quittoient leur faste pour manger avec les laboureurs. Ces institutions sont admirables pour encourager l’agriculture.


CHAPITRE IX.

Moyens d’encourager l’industrie.


JE ferai voir, au livre XIX, que les nations paresseuses sonr ordinairement orgueilleuses. On pourroit tourner l’effet contre la cause, & détruire la paresse par l’orgueil. Dans le midi de l’Europe, où les peuples sont si frappés par le point d’honneur, il seroit bon de donner des prix aux laboureurs qui auroient le mieux cultivés leurs

  1. Le pere du Halde, histoire de la Chine, tom. II, p. 72.
  2. Plusieurs rois des Indes font de même. Relation du royaume de Siam, par la Loubere, pag. 69.
  3. Veuty, troisieme empereur de la troisieme dynastie, cultiva la terre de ses propres mains ; & fit travailler à la soie, dans son palais, l’impératrice & ses femmes. Histoire de la Chine.
  4. M. Hyde, religion des Perses.