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L’examen d’une ou de deux de ces notes suffira pour les apprécier toutes ; & l’on va choisir entre celles qui sont les plus importantes.

M. de Montesquieu, après avoir établi la distinction qui caractérise les trois genres de gouvernement, fait voir que, dans chacun de ces gouvernemens, les loix doivent être relatives à leur nature ; c’est-à-dire, à ce qui les constitue : ainsi, dans la démocratie, le peuple doit être, à certains égards, le monarque ; à d’autres, le sujet : il faut, par exemple, qu’il élise les magistrats, & qu’il les juge. Si les magistrats cessent d’être électifs, ou si quelque autre que le peuple a le droit de leur demander compte de leur conduite, dès-lors ce n’est plus une démocratie ; les magistrats, ou les juges des magistrats, ravissent la puissance au peuple, & se l’attribuent.

Il est de la nature de la monarchie que la nation soit gouvernée par un prince dont le pouvoir soit modéré par les loix. Pour que ce gouvernement ne change pas de nature, & ne dégénere pas en despotisme, il faut qu’il y ait, entre le monarque & le peuple, beaucoup de rangs, beaucoup de pouvoirs intermédiaires. Si les ordres passoient, du trône, immédiatement au peuple, la terreur les feroit exécuter, & l’arbitraire s’introduiroit sur les débris des loix. Si les ordres, au contraire, ne parviennent aux extrémités de la nation que par degrés, la sphere de ceux qui les font arriver