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note, page 42. « Il n’est point de mon plan de m’arrêter ici à prouver la fausseté de ce systême. Mais, comment M. de Montesquieu pouvoit-il avancer que, par la nature du gouvernement monarchique, les fonctions civiles & militaires doivent être séparées & confiées à des ordres différens, lui qui sçavoit si bien que, dans la monarchie Françoise, elles ont été, pendant plusieurs siecles, exercées par les mêmes personnes ; & que, suivant la loi de la féodalité, le premier engagement du vassal envers son seigneur étoit de le servir en guerre & en plaids, dans les expéditions militaires, & dans le jugement des procès ? Il nous reste encore des vestiges de l’ancien usage dans les grands baillis & les sénéchaux, qui sont tous gens d’épée. »

Si M. Crévier avoit entrepris de fortifier, par une nouvelle preuve, le systême de son adversaire, il n’auroit peut-être pas eu le bonheur de réussir aussi bien. Tout le monde sçait que, tant que le gouvernement féodal a été en vigueur dans la France, l’autorité de nos rois, quant à l’exercice, étoit presque nulle ; parce que chaque seigneur avoit, dans sa terre, tout à la fois le pouvoir militaire & le pouvoir civil. Tout le monde sçait encore que la puissance du monarque n’a repris son état naturel, que quand elle a pu venir à bout de diviser l’exercice de ces deux fonctions.

Si M. Crévier avoit borné sa critique à ce