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se sont éclipsés les ouvrages les plus renommés sur cette matiere : c’est avec le secours de sa lumiere que nous avons enfin substitué la raison & la vérité aux systêmes fondés sur les préjugés qui s’étoient transmis d’âge en âge, & que de célebres écrivains n’avoient fait que recueillir, développer & appuyer par de nouveaux sophismes. Le livre de l’Esprit des loix fait une époque à jamais mémorable dans l’histoire des connoissances humaines.

M. de Montesquieu jouit, dès son vivant, des éloges des plus grands hommes de l’Europe ; & il s’est procuré lui-même, par la Défense de l’Esprit des loix, le triomphe le plus complet sur ces auteurs obscurs d’ouvrages éphémeres qui avoient osé s’attacher à lui, comme ces vils insectes qui nous importunent, & qu’on écrase sans effort.

Tout étoit resté dans le silence ; l’envie n’osa plus se remontrer ; elle craignit de nouveaux coups. La mort lui enleva enfin un adversaire si redoutable. Quand elle crut n’avoir plus rien à craindre, elle emprunta, pour reparoître, la plume de M. Crévier, professeur en l’université de Paris.

Cet écrivain, dans ses Observations sur le livre de l’Esprit des loix, s’est efforcé de décrier, par tous les moyens possibles, un ouvrage qu’il n’entendoit pas, puisqu’il ne le trouvoit blâmable que par quelques détails. Il a consacré une grande partie de son libelle à chercher des