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« L’empire des Perses et celui de Syrie ne furent jamais si forts que celui des Parthes, qui n’avait qu’une partie des provinces des deux premiers. » (Chapitre v.)

« Il y a de certaines bornes que la Nature a données aux États pour mortifier l’ambition des hommes » : témoin l’histoire des Romains, des Parthes et des Turcs. (Chapitre v.)

« Ce fut alors que Pompée, dans la rapidité de ses victoires, acheva le pompeux ouvrage de la grandeur de Rome :… le pouvoir n’augmenta pas, et la liberté publique n’en fut que plus exposée. » (Chapitre vii.)

« Lorsque la domination de Rome était bornée dans l’Italie, la République pouvait facilement subsister. » (Chapitre ix.)

« Si la grandeur de l’Empire perdit la République, la grandeur de la Ville ne la perdit pas moins. » (Chapitre ix.)

« Ce fut uniquement la grandeur de la République qui lit le mal. » (Chapitre ix.)

Arrêtons ici ces citations, qui font l’effet de glas funèbres.

Du reste, même après avoir paraphrasé l’hémistiche de Claudien, Montesquieu ne cesse point de rappeler les inconvénients des conquêtes :

« Ainsi, comme la grandeur de la République fut fatale au gouvernement républicain, la grandeur de l’Empire le fut à la vie des Empereurs. » (Chapitre xv.)

« Ainsi, quoique l’Empire ne fût déjà que trop grand, la division qu’on en fit le ruina. » (Chapitre xvii.)

« Voici, en un mot, l’histoire des Romains : ils vainquirent tous les peuples par leurs maximes ; mais, lorsqu’ils y furent parvenus, leur République ne put subsister : il fallut changer de gouvernement ; et des maximes contraires aux premières, employées dans ce gouvernement nouveau, firent tomber leur grandeur. » (Chapitre xviii.)

« Ces conquêtes qui avaient pour cause non la force de l’Empire, mais de certaines circonstances particulières, perdirent tout. » (Chapitre xx.)

Et notre auteur redoutait les extensions violentes non moins dans l’ordre spirituel et religieux que dans l’ordre matériel et civil :

« Mais ce qui fit le plus de tort à l’état politique du gouvernement fut le projet qu’il conçut de réduire tous les hommes à une même opinion sur les matières de religion, dans des circonstances qui rendaient son zèle entièrement indiscret[1]. »

  1. Considérations, chapitre xx.