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AVANT-PROPOS.


En tête du volume réservé aux Lettres persanes, nous avons exposé dans quelles circonstances nous fûmes chargé, en 1893, de publier à nouveau les deux chefs-d’œuvre littéraires de Montesquieu. M. Doniol, alors directeur de l’Imprimerie nationale, eut l’idée d’y faire composer, pour l’Exposition de 1900, une édition des Lettres persanes et des Considérations sur les Causes de la Grandeur des Romains revue et annotée d’après les papiers que l’auteur aurait pu laisser en mourant, et qui existeraient encore dans les archives de La Brède. La famille de Montesquieu se prêta gracieusement à l’exécution du projet et consentit à communiquer tous les documents qu’elle avait en sa possession. M. le Garde des Sceaux Léon Bourgeois approuva l’entreprise par une décision officielle. Nous eûmes l’honneur d’être choisi pour diriger le travail.

I

L’intérêt que présentent les archives de La Brède à l’égard des Considérations sur les Causes de la Grandeur des Romains et de leur Décadence diffère complètement de celui qu’elles offrent par rapport aux Lettres persanes.

Pour le premier chef-d’œuvre de Montesquieu, elles font connaître la forme définitive que l’auteur avait entendu lui donner. Sans elles, on ignorerait encore quelles lettres il avait, en dernier lieu, voulu comprendre dans le recueil, et à quel texte de ces lettres il s’était arrêté sans retour. La mort, en effet, l’avait empêché de publier lui-même l’édition ne varietur qu’il avait très soigneusement préparée en 1754.

Au contraire, quant aux Considérations, dès 1748, c’est-à-dire treize à quatorze ans après l’apparition du livre, il en fit paraître une « nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée[1] ». Or rien de ses papiers inédits ne permet de croire qu’il ait eu plus tard l’intention d’introduire dans l’ouvrage des modifications plus ou

  1. Considérations sur les Causes de la Grandeur des Romains et de leur Décadence, nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée par l’Auteur… A Paris, chez Guillyn… 1748