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OBSERVATIONS

d’obstruction, parce qu’avant qu’ils[1] se soient coagulés, une nouvelle ébullition vient déboucher tous les pores. Et comme il y a ici deux actions : l’une, celle de la fermentation, qui pousse au dehors ; l’autre, celle de l’air extérieur, qui résiste ; il arrive qu’entre ces deux forces, les liqueurs pressées trouvent plus de facilité à s’échapper par les côtés ; ce qui forme les conduits transversaux que l’on a observés dans les plantes, qui vont du centre à la circonférence, ou de la moelle jusqu’à l’écorce, lesquels ne sont que la route que le suc a prise en s’échappant.

On sait que ces conduits portent le suc entre le bois et l’écorce : l’écorce n’est autre chose qu’un tissu plus exposé à l’air que le corps ligneux, et par conséquent d’une nature différente ; c’est pourquoi il s’en sépare. Or, les sucs arrivés par les conduits latéraux entre l’écorce et le corps ligneux y doivent perdre beaucoup de leur mouvement et de leur ténuité : 1° parce qu’ils sont infiniment plus au large qu’ils n’étoient ; 2° parce que, trouvant d’autres sucs qui ont déjà beaucoup perdu de leur mouvement, ils se mêlent avec eux ; mais comme ils sont pressés par l’ébullition des sucs qui se trouvent dans les fibres longitudinales et transversales du corps ligneux, ne pouvant pas monter, ils sont obligés de descendre ; et ceci est conforme à bien des expériences qui prouvent que la sève, c’est-à-dire le suc le plus grossier, descend entre l’écorce et le bois, après être montée par les fibres ligneuses. On voit par tout ceci que l’accroissement des plantes et la circulation de leurs sucs sont deux effets liés et nécessaires d’une même cause, je veux dire la fermentation.

Si l’on pousse plus loin ces idées, on verra qu’il ne

  1. C’est-à-dire les sucs.