ler ; mais ils ne sauroient boucher le pore du conduit par lequel ils ont monté, parce qu’avant qu’ils se soient coagulés, il s’en présente d’autres pour passer, lesquels sont plus en mouvement, et en passant redressent de tous côtés les parties demi-coagulées qui auroient pu faire une obstruction, et les poussent sur les parois circulaires du conduit ; ce qui l’allonge d’autant, et ainsi de suite ; et comme cette même opération se fait en même temps dans les conduits voisins qui entourent celui-ci, on conçoit aisément qu’il doit y avoir un prolongement de toutes les fibres, et qu’ils doivent sortir en dehors par un progrès insensible. Nous le dirons encore, tout le mystère consiste dans la lenteur avec laquelle la nature agit : à mesure que le suc qui est parvenu à l’extrémité se coagule, un autre se présente pour passer.
Ceux qui feront bien attention à la manière dont reviennent les ailes des oiseaux lorsqu’elles ont été rognées ; qui réfléchiront sur la célèbre expérience de M. Perrault, d’un lézard à qui on avoit coupé la queue, qui revint aussitôt après ; à ce calus qui vient dans les os cassés, qui n’est qu’un suc répandu par les deux bouts, qui les rejoint et devient os lui-même, ne regarderont peut-être pas ceci comme une chose imaginaire.
Les sucs de la terre, que l’action du soleil fait fermenter, montent insensiblement jusqu’au bout de la plante. J’imagine que, dans les fermentations réitérées, il se fait comme un flux et reflux de ces sucs dans ces conduits longitudinaux, et comme un bouillonnement intercadent : le suc porté jusqu’à l’extrémité de la plante, trouvant l’air extérieur, est repoussé en bas ; mais il la laisse, comme nous avons dit, toujours imprégnée de quelques-unes de ces parties, qui s’y coagulent, qui cependant ne font point