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A PAPHOS.


le rencontra un jour à Paphos [1]. Diane espérait qu’Endymion ne paraîtrait pas : Eh quoi, dit-elle, en abordant la Déesse d’un air composé : « Reine des Amours, vous ne dédaignez pas aujourd’hui les amusements de la Déesse des bois [2].

« Quand Diane est à Paphos, répond Vénus, quel Dieu s’étonnera d’y voir chasser la mère des Amours ? Adonis m’apprend à connaitre vos lois, et, pour lui plaire, je fais gloire de les suivre : mais vous, plus mystérieuse, vous apprîtes d’un Berger à goûter mes plaisirs, et vous affectez de les condamner sans cesse. Adieu, grave Déesse [3] ; mais souvenez-vous que les précautions qu’on prend pour cacher ses feux ne servent qu’à les faire plus tôt connaître. »

Ceux qui affectent des dehors sévères s’offensent aisément, et ne pardonnent jamais. Diane se crut outragée, et son hypocrisie démasquée ne demandait rien moins que du sang. Vénus est immortelle, et dès l’instant la mort d’Adonis fut résolue ; mais aujourd’hui la Déesse méprise son ennemie ; elle poursuivrait avec ce chasseur les bêtes les plus féroces, sans craindre leurs défenses. Elle part, et Adonis la suit, et tout se prépare à rapporter de la chasse moins de fatigue que de plaisirs.

Quelle joie est peinte sur leur visage, me dit Zélide ; le seul Anténor reste dans un morne silence, et semble mépriser toutes les Nymphes : mais elles savent qu’il aime à Amathonte, elles ne s’offensent pas de la rêverie qui l’occupe [4].

  1. A. Rencontre le berger de Diane à Paphos.
  2. A. De la déesse des forêts.
  3. A. Adieu, grave Déesse ; Endymion s’avance ; imitez Vénus, et je vais imiter Diane ; mais souvenez-vous, etc.
  4. Ce paragraphe et le suivant manquent dans A.