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A PAPHOS.


Dieux charmants ? Ils partagent mes vœux, et je mets mon bonheur à partager les plaisirs qu’on goûte sous leur empire. C’est de Bacchus que j’ai appris à aimer, et c’est de l’Amour... On vint avertir Zélide que Mercure descendait, et que les nymphes allaient le recevoir.

Mercure tient le registre des Ombres qui se présentent pour passer les sombres bords. Messager des dieux, il vient de la part de Minos et de Radamante demander à Vénus quelles peines on donnera [1] à certaines Ombres dont la Déesse s’est réservé le jugement.

Eh bien, Mercure, lui dit-elle, avons-nous beaucoup d’amants constants à récompenser ? Ils sont trop rares aujourd’hui, pour en voir souvent sur les sombres bords, répond Mercure. Il se présente au contraire un seigneur français qui a toujours traité les amants constants d’amants bourgeois. Ah ! je corrigerai cet abus, reprit Vénus ; les bourgeoises de ce pays-là ont tant de disposition à imiter les grands, que si de semblables discours restaient impunis, on ne verrait plus en France d’amants constants. Qu’on assiége ce mauvais plaisant de douze Ombres provinciales que je vais rendre amoureuses de lui.

A ces provinciales, dit Mercure, joignez encore une vieille coquette qui a poussé les beaux sentimens jusqu’au quatorzième lustre. Non, je la veux punir. Se piquer si longtemps de galanterie, c’est déshonorer mon empire ; quand les Jeux et les Ris se retirent, on doit quitter les Amours. Que toutes les Ombres galantes se contraignent pour lui faire des offres, et la tromper.

Si vous punissez pour avoir voulu plaire trop longtemps, reprit Mercure, quelle peine allez-vous donner à

  1. A. De quelles peines on punira certaines ombres, etc.