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A PAPHOS.


chus [1], la gaîté l’emporte surtout ; mais Bacchus amoureux ordonna à sa suite de célébrer avec sa gloire, la gloire de l’Amour, et se mit lui-même à chanter [2].

Si de l’Amour vos chants ne célèbrent les traits,
Vos chants sont imparfaits,
Et Bacchus les condamne ;
Buveurs, ne me chantez jamais
Sans chanter Ariane.

Les Nymphes se joignirent au concert des Silvains pour chanter Bacchus, tandis qu’ils chantaient l’Amour. Le concert devint plus brillant, et ses accords rappelant au vin, le vin conduisit bientôt aux transports les plus vifs. Dès que la suite ne douta plus du triomphe de Bacchus, elle se retira pour laisser triompher Vénus.

Zélide m’offrit un repas où les mortels sont admis à Paphos. Nous nous entretînmes longtemps de Bacchus et de sa cour [3]. Je l’avoue, dis-je à la Nymphe, je m’étais fait une image de ce Dieu, qui déshonorait la Divinité. Je sais, répondit-elle, ce que pensent les mortels sur le culte du Dieu du vin. Chaque Dieu a ses autels, et chaque autel a ses faux prêtres ; la politique, l’ignorance et la corruption en forment tous les jours : peut-être ne connaîtrait-on point de vices, sans le pernicieux exemple de ceux que les Dieux choisissent pour les bannir [4].

Les prêtres de Bacchus font naître les erreurs qui déshonorent son empire. Ils le dépeignent privé de raison,

  1. A. Elle veut qu’où préside Bacchus, etc.
  2. Cette phrase et les vers suivants manquent dans A.
  3. Cette phrase manque dans A.
  4. A. Sans les pernicieux exemples des prétendus sages qui sont choisis pour les bannir.