[Que votre absence est difficile à supporter ! Pensez-vous, Mélite, que depuis dix jours je ne vous vois point ? Imaginez combien j’ai de choses agréables à vous dire. J’arrive de Paphos.
Vénus a choisi cette île pour s’y délasser des fatigues de Cythère et d’Amathonte, où elle reçoit les hommages de tous les amants ; on ne voit à Paphos que les amants parfaits. Avais-je droit, Mélite, de m’y présenter [1] ?]
Après une douce navigation que les Zéphirs rendent plus prompte par l’empressement qu’ils ont d’aller voltiger autour de Vénus, j’arrivai à Paphos au moment que l’Aurore commençait à s’y montrer ; elle me parut si riante, en éclairant cette île, que sans voir Céphale, je jugeai aisément qu’il était à ses côtés.
Je n’essayerai point, Mélite, de vous décrire les beautés du palais de Vénus : vous le connaissez par l’idée que vous en a donné le pinceau de l’Albane ; il est si fidèle, qu’on distingue difficilement si les Grâces l’ont bâti sur ses dessins, ou s’il a travaillé d’après les Grâces.
- ↑ Tout ce qui est entre crochets est pris du Voyage de l’île de Paphos. Nous indiquerons les autres emprunts et les variantes par la lettre A.