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LETTRES FAMILIÈRES.


me manquez. N’oubliez pas mon trèfle, vos prairies et vos mûriers de Gascogne. Je vous embrasse de tout mon cœur.

De Paris, en janvier 1755.


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LETTRE CLVI.


BILLET AU MÊME.


Vous fûtes hier de la dispute avec M. de Mairan [1] sur la Chine. Je crains d’y avoir mis trop de vivacité, et je serois au désespoir d’avoir fâché cet excellent homme. Si vous allez d'hier aujourd’hui chez M. de Trudaine [2], vous l’y trouverez peut-être ; en ce cas, je vous prie de sonder un peu s’il a mal pris ce que j’ai dit ; et sur ce que vous me rendrez, j’agirai de façon avec lui, qu’il soit convaincu du cas que je fais de son mérite et de son amitié.

De Paris, en 1755.
  1. De l’Académie des sciences et de l'Académie françoise, très-connu par des ouvrages excellents, et par l’honnêteté et la douceur de son caractère. Ces deux savants n’étoient pas du même avis sur quelques points qui regardoient les Chinois, sur lesquels M. de Mairan étoit prévenu par les lettres du P. Parennin, jésuite, et dont M. de Montesquieu se méfioit. Lorsque le voyage de l’amiral Anson parut, il s’écria : « Ah ! je l’ai toujours dit, que les Chinois n’étoient pas si honnêtes gens qu’on voulu faire croire les Lettres édifiantes. » (GUASCO.)
  2. Conseiller d’État et intendant des finances, qui vit beaucoup avec les hommes de lettres les plus distingués, et s’occupe avec zèle de l’encouragement des arts ; il étoit un des amis les plus intimes de M. de Montesquieu. (G.)
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