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LETTRES FAMILIÈRES.



LETTRE CLI.


A L'AUDITEUR BERTOLINI [1].


A FLORENCE.


Je finis la lecture de deux morceaux de votre préface [2], monsieur, et je prends la plume pour vous dire que j’en ai été enchanté ; et quoique je ne l’aie vue qu’au travers de mon amour-propre, parce que je m’y trouve paré comme dans un jour de fête, je ne crois pas que j’eusse pu y trouver tant de beautés, si elles n’y étoient pas. Il y a un endroit que je vous supplie de retrancher : c’est l’article qui concerne les Anglois [3], et où vous dites que j’ai fait mieux sentir la beauté de leur gouvernement que leurs auteurs même. Si les Anglois trouvent que cela soit ainsi, eux qui connoissent mieux leurs livres que nous, on peut être sûr qu’ils auront la générosité de le dire ; ainsi renvoyons leur cette question. Je ne puis m’empêcher, monsieur, de vous dire combien j'ai été étonné de voir un étranger posséder

  1. Étienne Bortolini de Pontremoli, jurisconsulte distingué qui succéda à Jules Ruccelai dans la place d’Auditore segretario del R. dirito ; il fut un de ceux qui appuyèrent le plus vigoureusement les réformes dans les matières ecclésiastiques sous Pierre-Léopold. (SCLOPIS.)
  2. Ce magistrat éclairé de Florence a fait un ouvrage, dans lequel il prouve que les principes de l'Esprit des Lois sont ceux des meilleurs écrivains de l’antiquité. Cet ouvrage n’a point été imprimé, et la république des lettres a droit de le lui demander. Le discours préliminaire de cet ouvrage est actuellement sous presse, et je crois que le public me saura gré de lui en avoir fait part. (GUASCO.)

    Il n’a paru que ce discours ; nous l’avons réimprimé en tête du premier volume de l’Esprit des Lois.

  3. L’article a été retranché.