vous avez très-mal fait de me dire de si belles choses. Je ne me souviens point d’avoir connu à Rome le père Contucci
[1].
Le seul jésuite que je voyois étoit le père Vitri, qui venoit souvent dîner chez le cardinal de Polignac : c’étoit un homme
fort important
[2], qui faisoit des médailles antiques, et des articles de foi.
J’ai droit de m’attendre, mon cher ami, que vous m’écriviez bientôt une lettre datée d’Herculée [3], où je vous vois parcourant déjà tous les souterrains. On nous en dit beaucoup de choses ; celles que vous m’en direz, je les regarderai comme les relations d’un auteur grave ; ne craignez point de me rebuter par les détails.
Je suis de votre avis sur les querelles de Malte [4], que l’on traite de Turc à Maure ; c’est cependant l’ordre peut-être le plus respectable qu’il y ait dans l’univers, et celui qui contribue le plus à entretenir l’honneur et la bravoure dans toutes les nations où il est répandu. Vous êtes bien hardi de m’adresser votre révérend capucin : ne craignez-vous pas que je ne lui fasse lire la Lettre persane sur les capucins ?
Je serai au mois d’août à la Brède. O rus, quando te aspiciam [5] ! Je ne suis plus fait pour ce pays-ci, ou bien il
- ↑ Bibliothécaire du Collège romain et garde du cabinet des antiquités que le père Kircher laissa à ce collège. (G.)
- ↑ Ce jésuite avoit à Rome beaucoup de part dans les affaires de la constitution Unigenitus, et brocantoit des médailles. On connoissoit son projet d’un nouveau saint Augustin, pour l’opposer à l’Augustin de Jansenius : ses principes là-dessus étoient tels que les paradoxes du père Hardouin n’eussent fait que blanchir ; et le pélagianisme se seroit renouvelé dans toute son étendue. (G.)
- ↑ Herculanum.
- ↑ Il s’étoit alors élevé une dispute entre la cour de Naples et l’ordre de Malte, au sujet des droits de la monarchie de Sicile, qu’on prétendoit s’étendre sur cette île. (G.)
- ↑ Horace, II Serm., VI, 60.