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LETTRES FAMILIÈRES.


déjà adopté ; ce n’est rien de le condamner, il faut le détruire. On y a fait des objections en France ; ces objections ont été jugées puériles, et ce sont les objections de l’auteur des feuilles ecclésiastiques qui ont scandalisé le public, et non pas le livre.

Quant à la véhémente sortie qu’a faite contre moi le P. Concina, je croirois que cet événement ne seroit pas si défavorable à l’affaire qu’il paroît d’abord, parce que ce père m’ayant attaqué, il me met en droit de lui répondre, d’expliquer au public l’état des choses, et de rendre le public juge entre le père Goncina et moi ; mais comme je ne vois les choses que de très-loin, et que je ne sais pas si une bonne réponse au père Concina me seroit utile ou nuisible, je supplie votre Excellence de vouloir bien m’ éclairer là-dessus, et me marquer s’il est à propos que je réponde, ou non ; et, en cas qu’il soit à propos de répondre, d’avoir la bonté de me dire si je pourrois avoir une copie des passages du livre du père Concina qui me concernent ; si je savois de quel ordre religieux est ce père, ceux de son ordre pourroient peut-être me faire voir son livre, qu’ils auront peut-être reçu.

A l’égard de l’édition et traduction de Naples, je suis bien sûr que Votre Excellence l’aura arrêtée de manière qu’il ne paroisse pas que ce soit le ministère de France ou de Naples qui l’ait arrêtée ; sans quoi, pour éviter un petit mal, je tomberois dans un pire, et je travaillerois pour la Congrégation de l'Index et non pas pour moi ; mais je suis sûr que votre Excellence, par sa lettre, n’aura laissé aucune équivoque là-dessus, et je crois même que si elle voit que mon livre sera condamné et les premières éditions défendues, elle laissera faire à ceux de Naples ce qu’ils voudront. Je lui demande pardon si je lui romps si longtemps