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LETTRES FAMILIÈRES.


devoit avoir pour ses auditeurs, il prondroit la liberté de leur dire que leurs déportements les mèneroient tout droit en enfer. Ainsi je crois. Monsieur, que si l’on veut faire à Genève une traduction de l’Écriture, qui soit mâle et forte, il faut s’éloigner, autant qu’on pourra, des nouvelles affectations. Elles déplurent même parmi nous dès le commencement ; et l’on sait combien le père Bouhours se rendit là-dessus ridicule, lorsqu’il voulut traduire le Nouveau Testament [1]. Conservez-y l’air et l’habit antiques ; peignez comme Michel-Ange peignoit ; et quand vous descendrez aux choses moins grandes, peignez comme Raphaël a peint dans les loges du Vatican les héros de l’Ancien Testament, avec sa simplicité et sa pureté. J’ai l’honneur d’être, etc.


20 juin 1750.


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LETTRE LXXXIX [2].


AU DUC DE NIVERNOIS [3]


AMBASSADEUR DE FRANCE A ROME.


J’ai reçu la lettre dont votre Excellence m’a honoré, et je la supplie d’agréer que je la remercie encore de ses bontés infinies, qui seront dans mon cœur toute ma vie.

  1. Le Nouveau Teslament, traduit en françois selon la Vulgate, 1697-1703. 2 vol. in-12.
  2. Tirée des Œuvres Posthumes duc de Mivernois. Paris, Maradan. 1807.
  3. Louis Jules Mancini Mazarini, duc de Nivernois (1716-1798).