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LETTRES FAMILIÈRES.


ceux qui l’ont connu. Il semble cligne par là, qu’on ait quelques égards pour lui, et qu’on soit moins prompt à flétrir son livre, et à condamner ses sentiments, qui ont toujours été et seront toujours ceux de la plus saine et de la plus pure doctrine, et exempts de tout soupçon à cet égard. Au reste, comme on l’a déjà dit, la Réponse qu’il y a faite, dissipera toutes les objections qui se sont élevées contre le livre ; et l’édition à laquelle il travaille, préviendra toutes celles qu’on pourroit faire à l’avenir. »


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LETTRE LXXXVIII.


A M. VERNET, PASTEUR SUISSE [1].


Si je ne suis pas trop présomptueux, Monsieur, pour répondre à une question qui n’est que très incidemment de mon ressort, je vous dirai que je suis très fortement de votre avis, et qu’il ne faut point, dans une traduction de la Bible, employer le terme de Vous au singulier. Vos raisons me paraissent extrêmement solides. Je pense qu’une version de l’Écriture n’est point une affaire de mode, ni même une affaire d’urbanité.

2° Il me semble que l’esprit de la religion protestante a toujours été de ramener les traductions de l’Écriture à l’original. Il ne faut donc point, en traduisant, faire attention aux délicatesses modernes. Ces délicatesses mêmes

  1. Sur Jacob Vernet, et ses relations avec Montesquieu, voyez notre Introduction à l'Esprit des Lois, t. III, p. XXII et suiv.

    Jacob Vernet, né à Genève, le 29 août, 1698, mort le 2 mars 1789. Il a publié des Lettres sur la coutume convenue d’employer le vous au lieu du TU, et sur la question : Doit-on employer le tutoiement dans les versions de la Bible ? La Haye, 1752, in-12. (RAVENEL.)