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LETTRES FAMILIÈRES.


est un dans le monde qui m’a lu [1] et M. de Maupertuis m’a mandé qu’il avoit trouvé des choses où il n’étoit pas de mon avis. Je lui ai répondu que je parierois bien que je mettrois le doigt sur ces choses. Je vous dirai aussi que le duc de Savoie a commencé une seconde lecture de mon livre. Je suis très-flatté de tout ce que vous me dites de l’approbation des Anglois ; et je me flatte que le traducteur de l'Esprit des Lois [2] me rendra aussi bien que le traducteur des Lettres persanes.

Vous avez bien fait, malgré le conseil de Mlle Pit, de rendre les lettres de recommandation de milord Bath. Vous n’avez que faire d’entrer dans les querelles du parti ; on sait bien qu’un étranger n’en prend aucun, et voit tout le monde. Je ne suis point surpris des amitiés que vous recevez de ceux que vous avez connus à Paris, et suis sûr que plus vous resterez à Londres, plus vous en recevrez ; mais j’espère que les amitiés des Anglois ne vous feront point négliger vos amis de France, à la tête desquels vous savez que je suis. Pour vous faire bien recevoir à votre tour, j’aurai soin de faire voir l’article de votre lettre, où vous dites qu’en Angleterre les hommes sont plus hommes, et les femmes moins femmes qu’ailleurs. Puisque le prince de Galles me fait l’honneur de se souvenir de moi, si l’occasion se présente, je vous prie de me mettre à ses pieds. Je vous embrasse.


De Paris, le 12 mars 1750.
  1. Le roi de Prusse, Frédéric II.
  2. Thomas Nugent. V. inf. la lettre du 18 octobre 1750, qui lui est adressée.
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