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LETTRES FAMILIÈRES.


LETTRE LXXI [1].


AU CHEVALIER D’AYDIES


Je vous prie de parler de moi à M. et Madame de Mirepoix, à M. de Forcalquier, à Mesdames de Rochefort et de Forcalquier, à Madame du Deffand, à M. et Madame du Châtel, à M. de Bermestoff [2] ; sachez, je vous prie, s’ils ont quelque souvenir de moi. N’oubliez pas le présidente [3].

Ce que j’ai le plus vu dans votre lettre, mon cher chevalier, c’est votre amitié ; et il me semble qu’en la lisant, je faisois plus d’usage de mon cœur que de mon esprit. Je suis bien rassuré par vous sur le bon succès de L'Esprit des Lois à Paris. On me mande des choses fort agréables d’Italie ; je ne sais rien des autres pays.

Mon cher chevalier, pourquoi les gens d’affaires se croient-ils attaqués [4] ? J’ai dit que les chevaliers, à Rome, qui faisoient beaucoup mieux leurs affaires que vous autres chevaliers ne faites ici les vôtres, avoient perdu cette république ; et je ne l’ai pas dit, mais je l’ai démontré [5]. Pourquoi prennent-ils là-dedans une part que je ne leur donne pas ?

J’aurois grande envie de revenir ; mais je serai encore

  1. Lettres originales de Montesquieu au chevalier d’Aydice. Paris, 1797, chez Ch. Pougens.
  2. Sur tous ces personnages qui composoient la société de Mme Du Deffand, on trouvera des détails curieux dans la Correspondance inédite de Madame Du Deffand, Paris, 1818, 2 vol. in-8°.
  3. Le président Hénault.
  4. Œuvres posthumes, p. 245. « Pourquoi les gens d’affaires se regardent-ils comme attaques ? »
  5. Esprit des Lois, livre XI, chapitre XVIII.