Je vous prie de parler de moi à M. et Madame de Mirepoix, à M. de Forcalquier, à Mesdames de Rochefort et de Forcalquier, à Madame du Deffand, à M. et Madame du Châtel, à M. de Bermestoff [2] ; sachez, je vous prie, s’ils ont quelque souvenir de moi. N’oubliez pas le présidente [3].
Ce que j’ai le plus vu dans votre lettre, mon cher chevalier, c’est votre amitié ; et il me semble qu’en la lisant, je faisois plus d’usage de mon cœur que de mon esprit. Je suis bien rassuré par vous sur le bon succès de L'Esprit des Lois à Paris. On me mande des choses fort agréables d’Italie ; je ne sais rien des autres pays.
Mon cher chevalier, pourquoi les gens d’affaires se croient-ils attaqués [4] ? J’ai dit que les chevaliers, à Rome, qui faisoient beaucoup mieux leurs affaires que vous autres chevaliers ne faites ici les vôtres, avoient perdu cette république ; et je ne l’ai pas dit, mais je l’ai démontré [5]. Pourquoi prennent-ils là-dedans une part que je ne leur donne pas ?
J’aurois grande envie de revenir ; mais je serai encore
- ↑ Lettres originales de Montesquieu au chevalier d’Aydice. Paris, 1797, chez Ch. Pougens.
- ↑ Sur tous ces personnages qui composoient la société de Mme Du Deffand, on trouvera des détails curieux dans la Correspondance inédite de Madame Du Deffand, Paris, 1818, 2 vol. in-8°.
- ↑ Le président Hénault.
- ↑ Œuvres posthumes, p. 245. « Pourquoi les gens d’affaires se regardent-ils comme attaques ? »
- ↑ Esprit des Lois, livre XI, chapitre XVIII.